« Watermelon and red birds » de Nicole A. Taylor

Le livre est sous-titré « A cookbook for Juneteenth and black celebrations ». Alors, oui, le livre revendique clairement son « blackitude ». C’est écrit par une black, parle de la culture black américaine, des traditions culinaires black, et surtout du Juneteenth.

Alors, le Juneteenth, qu’est ce que c’est? Pour être franche, avant ce bouquin, je n’en avais jamais entendu parler. Eh bien, c’est la fête de l’Émancipation afro-américaine aux USA. Formée de la contraction de June (juin) et Nineteenth (19ème), cette fête se célèbre le 19 juin, et depuis 2021, c’est même une fête nationale.

Pourquoi le 19 juin? Parce que c’est ce jour-là, en 1865, que le général Granger a annoncé à Gavelston, Texas, que les esclaves afro-américains des états sudistes étaient libres … depuis 2 ans et demi en fait. Dès 1866, des manifestations autour des communautés religieuses ont commencé. Le mouvement s’est ensuite répandu. Aujourd’hui, la plupart des grandes villes célèbrent l’évènement sous forme de rodéos, de fêtes dans les parcs ou des réunions familiales. La page Wikipedia est bien faite, si le sujet vous intéresse, je vous conseille de la lire.

Nicole A. Taylor est afro-américaine originaire de Géorgie, fière de ses racines et de sa culture. Elle est auteur et chroniqueuse culinaire et organise souvent des dîners communautaires. « Watermelon and red birds » est son deuxième livre, après « The Up South Cookbook : Chasing Dixie in a Brooklyn Kitchen » qui date de 2015.

LE LIVRE

Alors le livre est sorti en mai 2022 en anglais aux éditions Simon & Schuster. Il a été imprimé aux USA. Je sais que c’est un grand pays, mais cela fait un bail que je n’ai pas vu un livre français imprimé en France, alors un livre américain imprimé aux USA, je dis bravo. Je ne suis pas pro-américaine à tout prix, mais j’apprécie le fait qu’ils soient fiers de leurs productions. Bon, parfois aussi, ils versent dans le nationalisme forcené. Personne n’est parfait.

On commence par les remerciements (alors que généralement ils se trouvent à la fin), pour enchaîner par la liste des recettes du livre.

Ensuite vient l’avant-propos, et une introduction générale sur Juneteenth, son ambiance, mais également sur les souvenirs de l’auteur de cette célébration au fil des années.

Suit une explication sur comment utiliser le livre, une liste non exhaustive des équipements nécessaires pour fêter Juneteenth, ainsi que sur les ingrédients incontournables, et même une liste des marques utilisées par l’auteur.

Les recettes:

Arrive la section des recettes. Elles sont organisées selon 8 sections: Mélanges d’épices et sauces, boissons rouges, festivals et foires, barbecues, salades diverses, glaces et sorbets, gâteaux, et finalement Juneteenth au quotidien.

Chaque section a son introduction, puis viennent les recettes.

On trouve de temps en temps des apartés sur comment planifier son menu, l’importance du carpe diem ou encore les règles d’or du barbecue.

Le livre se finit sur une double page d’information sur Juneteenth , sur l’index détaillé des recettes, et par une biographie succincte de l’auteur.

MON AVIS:

C’est un livre sur la célébration de la liberté afro-américaine et sur la cuisine qu’on mange lors de cette fête. Pas de plat mijoté, ni de tralalas. C’est une réunion de famille, on fait simple et bon enfant: des grillades, des salades, des beignets, des boissons, des glaces (il fait chaud en juin). Mais ne croyez pas que ce n’est pas pris au sérieux. Bien au contraire! Ces fêtes sont des institutions et les plats sont très gouteux.

Le récit est très afro-américain tant par la façon de parler, on s’adresse à nous comme à un ami à qui on explique, que par le discours. On parle de communautés d’église, comme on le faisait autrefois pour les rassemblements autour d’une paroisse. La famille est importante, la communauté l’est tout autant et Juneteenth sera fêté avec l’une ou l’autre, voire les deux.

Les plus:

J’ai bien aimé la section Gadgets qui m’a fait découvrir des nouveautés: les planches fines en cèdre pour griller les poissons. Ou encore le « corn zipper », une sorte d’éplucheur à épis de maïs.

Niveau langage, c’est assez facilement compréhensible. Des expressions ou des références typiquement américaines émaillent parfois le discours. Et là, à moins d’avoir vécu là-bas, vous n’aurez pas d’autre choix que de chercher sur internet. Je pense par exemple aux « Yeezy baskets », Yeezy étant une marque. J’ai aussi appris que les « juke joints » étaient des tavernes/ cabarets/ débits de boisson. Et je ne connaissais pas non plus la série « Our kind of people » (pour info diffusée en France en 2022 sur Disney+).

Les moins:

Encore une petite difficulté, les mesures sont en cups. Typiquement américain, mais pas toujours fiable. Gardons simplement à l’esprit que quand ce n’est pas précisé, les ingrédients de la cup ne sont pas tassés, mais aérés. C’est particulièrement important pour la farine.

Les photos sont assez présentes même si elles n’illustrent pas chaque recette. Par contre, et là, cela n’engage que moi, elles sont très, trop « jaunes », et ce n’est pas quelque chose que j’aime. Je vous en mets 2 pour exemple:

Dans l’ensemble, cela reste un livre très agréable à lire. Il m’a dévoilé une culture et une gastronomie de la fête de Juneteenth que je ne connaissais pas. Et j’ai noté quelques recettes à tester.

Les recettes que j’ai testées ou que je testerai rapidement:

La gingerbeer (en cours)

Oreilles d’éléphant frites

Nachos au chorizo

Salade de pommes de terre

Sorbet au chocolat

Gâteau fraises et sumac